Chaufferie

29/11/18. Charlotte, Laëtitia, Christine, Guillaume et Maxime

Notre première visite du bidonville était axée sur le thème général du feu.

Nous avons pu y observer les méthodes des habitants pour se chauffer, sécher le linge et isoler leurs habitations.  Des poêles à bois chauffent les baraques, souvent placés à l’entrée, contre les parois. Nous avons noté qu’une partie de la chaleur se perdait. L’isolation, assurée par des couches de tissus et de plaques de matériaux divers superposés, est efficace. Cependant, son herméticité complète empêche une entrée d’air froid dans la pièce, ce qui limite l’efficacité du poêle à bois qui a besoin de beaucoup de combustibles. Cela pose également un problème de sécurité. Le mauvais temps nous a par ailleurs confronté aux difficultés que la pluie entraîne en bidonville. Le sol est rapidement devenu boueux et glissant, les vêtements et chaussures trempés et salis, inutilisables.

La question du séchage des effets personnels s’est alors imposée. Les espaces extérieurs humides et les baraques, devant rester sèches, n’offrent pas de solutions optimales. Les habitants n’ont pas de lieux dédiés au séchage, et les affaires trempées peinent à sécher, elles encombrent les baraques ou attendent dehors la fin des intempéries. Le bois qui fournit le poêle est lui aussi stocké dans les baraques. Rapidement, la baraque est encombrée de ce ce bois qui sèche près du poêle, et de ce linge qui pend dans la baraque.Notre piste de recherche s’est portée sur un plug-in combinant une amélioration du poêle et un système pour sécher le linge et les chaussures. (voir les schémas ci-après).

Lors des visites suivantes, nous avons pu confronter cette idée avec la réalité des usages. Nous avons observé du linge qui séchait dehors, malgré le froid et les habitants qui sortaient en sandales dans la boue, faute de chaussures sèches. Nos questions qui orienteront notre plug-in seront alors les suivantes :

  • Combien de famille peuvent en disposer ?
  • Comment  le chauffer ( un tuyau d’eau avec une cheminée) ?
  • Comment faire sécher sécher vite les objets ( avec forme qui permet traversée air  rapide) ?
  • Comment le relier à la baraque (collé pour interdépendance du plug-in avec la     baraque) ?

06/12/18

Nous avons alors commencé par élaborer des hypothèses de réponses à ces questions. A celle du nombre de personnes concernées par le dispositif, trois réponses se sont distinguées :

  • Le plug-in individuel : il est attaché/relié à une baraque et est utilisé par ses habitants. C’est un petit meuble où chacun peut faire sécher ses chaussures trempées, un peu de linge et un peu de bois. Il est chauffé par la baraque avoisinante.
  • Le plug-in semi-collectif : partant du constat que le bidonville était souvent organisé en petits agglomérats de baraques (deux, trois ou quatre) organisées socialement, avec des gens d’une même famille, le plug-in partagé serait un plus grand espace de séchage et de stockage, si possible lié physiquement à quelques baraques. Il serait utilisé selon les besoins de chaque baraque du petit groupe. Ce plug-in pourrait être chauffé par les poêles des baraques qui l’entourent.
  • Le plug-in collectif : c’est un espace encore plus grand, une pièce dont n’importe quel habitant du bidonville peut disposer. Cette pièce est équipée d’un système de chauffage qui permet de rendre sec l’espace intérieur.

 

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Fig. 1. Système de liaison du plug-in à une baraque et amélioration de la prise d’air par l’extérieur. 

 

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Fig. 2. Interactions entre le plug-in et un poêle : réutilisation des déperditions de chaleur.

 

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Fig. 3. Liaisons entre plusieurs baraques

Certaines de ces réponses sont cependant questionnées par le mode de vie des habitants en bidonvilles. En effet, Le pug-in collectif paraît difficile à mettre en place : les habitants ne se connaissent pas tous et ne pourraient pas faire sécher ce qu’ils veulent (les allers-retours entre baraque et chaufferie seraient contraignants). Le plug-in individuel, lui, semble moins crédible que le plug-in collectif qui répond à l’organisation formelle et sociale du bidonville.

 

04/01/2019

La discussion avec l’ensemble du groupe a permis à notre idée d’évoluer :

Nous nous sommes recentrés sur la question du linge et des chaussures, un problème quotidien pour les habitants du bidonville, et encore plus lors de la saison hivernale.

 

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Nous avons décidé de continuer d’exploiter la paroi de la baraque la plus proche du poêle, qui reçoit une chaleur profitable pour sécher les affaires trempées. Nous avons, en effet, pu constater sur le terrain, en posant nos mains sur les murs des baraques que celui près du poêle était tiède. Cette relation à la baraque est le premier paramètre de notre plug-in. Nous avons donc exploré plusieurs pistes afin de proposer un système de séchage aux habitants :

  • Le linge et les chaussures ont naturellement besoin d’être protégés de la pluie pour sécher. Nous avons pensé à différentes solutions permettant de les abriter : une toile tendue entre deux baraques ou arbres, ou chercher un endroit naturellement au sec. Cependant ces hypothèses figeait le plug-in dans une dépendance aux contraintes du site d’implantation. Cela ne semblait pas non plus correspondre au mode de vie des familles, qui ne mettent généralement pas en commun le séchage des affaires.
  • Nous avons donc réfléchi un système de toit propre à chaque « boîte » de séchage, cette solution permettait de développer des sortes de paniers d’essorage mobiles et couverts. Suspendus dans les arbres environnants, ils pourraient être facilement transportables, entraînant ainsi une question délicate de propriété. Ils ne profiteraient pas, en outre, de la chaleur des baraques, dépendant uniquement du vent.
  • Enfin, plus économe et relevant réellement de la thématique du plug-in, notre solution la plus aboutie correspondrait à une extension du toit des baraques. Une bâche tendue par armature de tiges métalliques ou de tasseaux de bois, est posée sur la toiture existante et « déborde » du côté du poêle. C’est un seuil au sec qui longe la paroi la plus chaude et est soumise aux vents. Des fils simplement tendus accueillent le linge et des casiers inclinés abritent les chaussures. Véritable extension de la maison, un sol composé de palettes relie les dispositifs à la porte, notre plug-in se propose ainsi comme un espace tampon entre l’extérieur pluvieux et le foyer chauffé.

 

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Éléments constructif du plug-in

 

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Casiers à chaussures et fils à linges sont placés près de la paroi chauffée 

Mouillé par la pluie, on dépose ses chaussures trempées et souvent pleines de boue dans le casier le plus bas (afin de ne pas salir les étages inférieurs), on prend les chaussures sèches qu’il suffit de taper pour faire tomber la terre durcies, puis on longe la baraque sur le sol surélevé pour rejoindre l’intérieur. Ce système permet donc un roulement des chaussures, évitant de les user complètement dans la pluie puis de les jeter. Avoir les pieds toujours au sec faciliteraient les tâches quotidiennes des habitants.

Enfin, le linge est quant à lui, étendu sur les fils après la lessive et soumis au vent sans retarder son séchage par la pluie.

 

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14/01/2019

Suite à la correction de notre système, nous avons décidé de poursuivre notre réflexion dans l’idée de proposer aux habitants un espace au sec où ils puissent faire sécher leurs affaires (vêtements, chaussures…).

Après réflexion, nous choisissons de repenser le système du débord de toiture ainsi que celui de sa structure en les fusionnant pour en faire un seul élément. En effet, notre précédente proposition semblait peut-être trop « massive » puisqu’elle intervenait sur l’ensemble de la toiture déjà existante. L’idée serait donc de proposer un objet dont la structure soutiendrait l’élément de débord du toit. Ainsi, le plug-in ne ferait vraiment que se coller à la baraque.

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Notre système serait alors comme une « armoire » sans fond divisée de deux compartiments : l’un composé d’étagères où seraient placées les chaussures, l’autre constitué de fils tendus pour y faire sécher son linge. La première partie viendrait se coller à la paroi chaude de la baraque et la deuxième serait légèrement en retrait du mur afin de permettre une meilleure ventilation autour du linge. L’élément supérieur du système interviendra comme débord de toiture puisqu’il se prolongera plus loin que les éléments de séchage.

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Une seule structure vient composer le plug-in

Face à ce système, la question d’étanchéité entre le plug-in et la baraque se pose. C’est pourquoi nous ferons intervenir une bâche se prolongeant entre le toit et notre projet. Le sol composé de palettes est maintenu afin d’éviter d’avoir les pieds dans la boue lors des allers-retours entre l’espace extérieur de séchage et l’intérieur de la maison.

Enfin, pensé pour être collé à la paroi la plus chaude de la baraque, notre système intervient sur la longueur de celle-ci. Ceci ne fait pas nécessairement du plug-in, un élément individuel à chaque famille. En effet, les étagères peuvent être attribuées, de même que les fils à linge.
Si les baraque sont suffisamment proches, l’interstice créé peut devenir un véritable espace partagé et abrité. Pour cela, la forme du plug-in pourrait être modifiée en changeant l’orientation de la pente afin que l’eau de pluie s’écoule loin des baraques.

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Occupation de l’interstice entre les baraques / partage de l’espace du plug-in

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